Un
moulin et une vocation pêche initiés
par les moines dès le XII ième
siècle.
Extrait
de la charte du 15 mai 1133 :
«
Sur le cours de la Seiche où Anger
possédait un emplacement propre à
construire un moulin, si ce moulin est construit
les moines en auront le quart, et si entre-temps
ces derniers veulent établir un gourd*
pour prendre les poissons, ceux-ci leur
reviendront, une fois le moulin construit,
il en ira de même ».
*On appelle gourt ou gort des espaces dans
des rivières où l’on
a dressé des pieux pour y tendre
des filets (plus probablement des nasses
en osiers ou en bois) et prendre du poisson.
GEOFFROY
III ET L’ETANG DE CARCRAON
Un
droit de pêche accordé à
l’abbaye de La Roë en 1243.
En
janvier 1241, Geoffroy III, quand il dote
sa fille Thomasse qui épousait André
III de Vitré, lui assurait tout ce
dont il disposait dans les paroisses de
Bais, Vergeal, Domalain et Visseiche, mais
prenait bien soin d’excepter le bourg
de Carcraon, les moulins, l’emplacement
de l’étang ainsi que ce que
les tenanciers du bourg de Carcraon tenaient
du seigneur de la Guerche.
Deux ans plus tard, il confirmait à
l’abbaye de La Roë un droit de
pêche dans son étang de Carcraon
donné par son aïeul Geoffroy
de Pouancé.
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La
pêche sur les bords de l'étang,
près de la minoterie. 1910.
(cliquez pour agrandir) |
LA
GRANDE PÊCHE SUR L’ETANG
L’inscription
«Le Port » figurant sur une
carte postale du début du XX ième
siècle nous révèle
l’importance de la pêche en
bateaux à cette époque. La
flotte se compose alors de la «Grande
Plate »* du «bateau réservoir
»**(construit par les Ets Chénel
en 1946) et de 5 ou 6 barques de bois à
fond plat que l’on peut encore rencontrer
actuellement dans les Pays de Loire.
En
1945, Mr Lamoureux confie à Mr Vaillant
la responsabilité d’une équipe
de 5 à 6 hommes qui vont pêcher
à la senne*** de 4 à 6 jours
par semaine et ceci pendant une durée
de 3 mois s’étalant environ
de mi-octobre à fin décembre.
Des méthodes de pêches différentes
sont pratiquées de mars – avril
à juin en raison de la végétation
aquatique. Plusieurs tonnes de poissons
seront tirées de l’étang
pendant ces saisons, certains coups de filet
pouvant rapporter 300 kilos de tanches ou
1500 kilos de gardons qui sont revendues
à des pisciculteurs pour l’alevinage.
Plus tard, Mme Vaillant ira vendre les produits
de la pêche sur le marché de
la Guerche et des environs.
*
Bateau de 7 mètres où l’on
déposait le filet.
** Bateau muni d’un caisson permettant
de conserver le
poisson.
*** Filet permettant d’encercler le
poisson. La plus grande senne mesurait environ
140 mètres.
La senne : Mr Vaillant
qui partait avec une première barque
devait faire preuve d’une grande intuition
afin de repérer les bancs de poissons.
Le bateau réservoir se positionnant
à l’endroit indiqué,
la grande plate pouvait alors fixer la senne
à ce point fixe et partir encercler
le banc. Ceci pourra se répéter
de 5 à 6 fois par jour quelles que
soient les conditions météorologiques
et on peut imaginer la sensation de froid
que pouvaient subir les pêcheurs quand
un vent de nord soufflait sur l’étang.
A noter que les bateaux étaient propulsés
le plus souvent à l’aide de
perches et que la pêche pouvait se
dérouler jusqu’à Bétron.
Les
nasses, les flotteurs et les cordées
:
Au printemps, des nasses étaient
utilisées ainsi qu’une centaine
de flotteurs munis d’un hameçon
chacun et des cordées de 15 hameçons.
Les
braies : Ce système permettait
de piéger le poisson au vannage.
Elles étaient constituées
d’un montant de bois où était
fixé un filet se terminant par une
poche. Le montant mesurant 1 mètre
de haut était prévu pour venir
se placer dans la largeur d’une vanne.
En 1955, la rénovation du vannage
et la création d’une pêcherie
mit fin à leurs utilisations.
La
pêcherie : La pêcherie
encore existante est constituée d’un
réservoir de béton où
était canalisé le poisson
à l’aide des grilles. Elle
fut exploitée jusque dans les années
90. Mr Téhard qui en fut responsable
jusqu’à 1987 se souvient y
avoir pris une anguille de 4 kg 300 dont
la longueur était de 1m 27.
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Barques
sur les bords de l'étang(cliquez
pour agrandir) |
La
cueillette en bateaux des macres
Pendant
longtemps l'étang fût très
animé en septembre par le va et vient
des barques louées aux promeneurs
qui ramassaient les macres dont les enfants
étaient très friands. Ce fruit,
sorte de noix dure pourvue de quatre épines
très piquantes, surnageait parmi
les nénuphards. Il se cuit comme
la châtaigne et contient une amande
farineuse blanche de saveur agréable.
La
plante qui produit les macres ets l'ennemie
des pêcheurs, baigneurs et nageurs
en raison de ses longs filaments, c'est
pourquoi elle a disparu par faucradage de
la plupart des étangs.
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